Paris, le 15 juillet 2025 – Le secteur de la formation professionnelle est en ébullition. Les principales fédérations d’entreprises de formation et de bilan de compétences, alertées par un projet de loi de finances pour 2026, lancent un « cri d’alarme » face à la menace de suppression – ou de limitation – de l’éligibilité du bilan de compétences au financement par le Compte Personnel de Formation (CPF). Cette mesure, qui s’inscrirait dans la lignée des restrictions budgétaires (la loi de finances 2025 ayant déjà supprimé l’éligibilité au CPF des formations d’accompagnement à la création et à la reprise d’entreprise sauf certifications RNCP/RS), est perçue comme une « catastrophe » pour les structures du monde de la formation et aurait un impact nuisible pour les actifs et l’économie française.

 

Une mobilisation inédite face à la menace


Le 10 juillet dernier à Paris, les acteurs de la compétence, le Synofdes, la fédération nationale des CIBC, et la fédération française des professionnels de l’accompagnement et du bilan de compétences (FFPABC) ont présenté un plan de mobilisation conjointe. Cette coalition annonce l’envoi d’une lettre ouverte à la ministre en charge du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, et au ministre de l’Économie et des Finances, Eric Lombard. Des fédérations d’employeurs comme le Medef, le Meti, l’Udes et la CPME sont également signataires, soulignant l’importance économique et sociale du dispositif.

 

Le bilan de compétences : un dispositif plébiscité et essentiel


Les fédérations défendent avec force un outil dont l’efficacité et la pertinence sont prouvées par des chiffres et des retours d’expérience.

  • Il ne « cannibalise pas les fonds du CPF », représentant 5,9 % des dossiers financés via le CPF et 7,4 % des fonds dépensés en 2024, et se classant deuxième parmi les formations les plus suivies en 2023 (6,2 %).
  • Il est le dispositif de droit commun le plus connu après la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), avec 92 % des actifs interrogés connaissant le bilan de compétences.
  • Un sondage Harris (juin 2025) révèle une satisfaction de 89 % (dont 62 % très satisfaits) chez les bénéficiaires, avec 81 % estimant avoir atteint leurs objectifs et 57 % ayant constaté une amélioration de leur situation professionnelle.
  • Le bilan de compétences est crucial pour accompagner les transitions professionnelles, les reconversions (un actif sur deux les envisage), et faire face aux mutations du marché de l’emploi liées aux transitions écologiques et à l’intelligence artificielle.
  • Institué par la loi de 1991 et réaffirmé en 2018, il bénéficie d’un cadre réglementaire spécifique et d’une instance de labellisation reconnue par l’État, contrairement à d’autres formations du CPF.

Les professionnels du secteur insistent sur les conséquences dramatiques pour les salariés les plus fragiles, les seniors, les personnes en longue maladie et les femmes, qui pourraient voir leurs évolutions professionnelles « totalement freinées » si l’accès au bilan de compétences était restreint.

 

Appel à la régulation et à la qualité


Bien que fermement opposées à sa suppression, les 4 fédérations reconnaissent la nécessité d’une « régulation pour garantir l’efficience » du bilan de compétences. Elles pointent du doigt les écueils de la « dérégulation du marché à la mise en place du CPF », notamment la pluralité des organismes sans référentiel commun, et l’hétérogénéité des pratiques, des prix et de la qualité des prestations, le référentiel Qualiopi étant moins adapté au bilan de compétences.
En conséquence, elles proposent d’aller plus loin en ouvrant un cycle de discussions avec les pouvoirs publics.
L’objectif est de « renforcer l’exigence qualité, d’élever les standards et de mieux encadrer les pratiques » pour une « structuration durable du marché ».
Ce « cri d’alarme » n’est pas seulement une défense du financement, mais aussi un appel à la reconnaissance et à l’amélioration continue d’un dispositif qui s’avère vital pour l’employabilité et la trajectoire professionnelle des Français.


> Pour soutenir cette mobilisation et défendre l’accès au bilan de compétences pour tous les actifs, vous pouvez signer la pétition en ligne : https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-3436

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