Pour le meilleur et pour le pire

Qui n’est jamais arrivé à son poste de travail le matin en se demandant ce qu’il faisait là ?
Si pour la plupart il ne s’agit que d’un coup de « moins bien » passager, il y en a pour qui la routine professionnelle devient pesante voire même invivable.

Lorsque la remise en question sur ses choix professionnels se fait omniprésente dans notre esprit, il devient alors évident qu’il faut faire un point sur ses motivations et ses attentes.
Et pour cela, vous me direz qu’il n’y a rien de mieux que de passer par un bilan de compétences. En tous cas, c’est la 1ère chose à laquelle on pense.

Et si cette démarche n’était pas aussi anodine qu’il n’y paraissait ? Et surtout, si son aboutissement n’était pas du tout celui auquel on s’attendait ?

Je me suis demandé si ce qui avait été salvateur pour moi il y 1 an, l’était pour tout le monde.
En interrogeant mon réseau pour avoir des témoignages, je me suis assez vite rendu compte que les avis divergeaient.
À ma grande surprise, entreprendre une telle démarche n’était pas systématiquement synonyme de réussite.

Je t’aime moi non plus

Comme dans toute relation, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, la 1ère chose qui fera la réussite de cette relation, c’est le contact qui passera ou non entre les 2 principaux intéressés, ainsi que la confiance qui s’installera entre eux 2.

À l’instar d’une thérapie avec un psy, le bilan de compétences va demander une introspection tant personnelle que professionnelle, afin de mettre son passé professionnel à nu, et d’aller chercher au plus profond de soi pour savoir ce qui a été ou non dans les précédents postes occupés.
Tout ça dans le but de faire ressortir ce qu’on veut, ce qu’on espère et ce qu’on ne veut absolument pas ou plus retrouver.

Si, dès le départ, on ne se sent pas en confiance ou suffisamment à l’aise avec la personne qui nous accompagne, le résultat de ce bilan sera faussé, et les pistes envisagées ne seront pas les bonnes, comme en témoigne Brice :

« J’ai effectué un bilan en 2010 auprès d’un organisme qui m’avait été recommandé par Pôle-Emploi.
J’ai un parcours pro un peu atypique, avec une formation initiale et 10 années d’expérience dans la prothèse dentaire, dont j’ai dû m’éloigner pour maladie professionnelle.
Je me suis alors tourné vers l’industrie, mais au bout de 15 ans en usine, j’ai eu envie de changer. Le bilan de compétences me paraissait être une excellent idée… sur le papier ! Car en réalité, j’ai eu en face de moi un intervenant blasé, qui s’est contenté de lire mon CV, m’a posé une dizaine de questions, m’a fait passer des tests de connaissances, mais sans aucun test de personnalité ni discussion autour de ce qui m’animait.
Au bout de 5 séances, il m’a annoncé que mon parcours m’amenait à travailler dans l’industrie.
J’ai vraiment eu l’impression de perdre mon temps et de ne pas être pris au sérieux dans ma démarche de réorientation.
 »

Ce ressentit de bilan incomplet a aussi été celui de Sonia V. qui a fait son bilan début 2018 :

« J’étais en poste dans le domaine du droit du travail depuis 3 ans quand je me suis rendu compte que finalement cela ne me correspondait pas vraiment.
J’ai voulu faire un bilan pour me découvrir, mais au final, tout le processus a été orienté vers mes connaissances pro et mes compétences et pas sur qui j’étais et ce que je recherchais.
J’ai écouté les conseils de la personne qui m’accompagnait dans cette démarche et ai commencé à chercher un nouveau poste plus axé RH, mais je me suis vite retrouvée un peu comme dans les films, assise face à des recruteurs, à me demander ce que je faisais là.
J’ai finalement opté pour un travail personnel sur moi-même pour trouver ma voie, mes valeurs et mon travail.
Ce bilan m’aura coûté du temps et de l’argent, car ayant moins de 5 ans d’ancienneté quand je l’ai commencé, je me le suis auto-financé.
On peut dire que ça n’aura pas été une réussite, sur toute la ligne !
 »

Heureusement, tous les bilans ne sont pas aussi désastreux !

Confirmer un choix

Pour certains, cette expérience est mitigée, s’attendant à découvrir une nouvelle part de leur personnalité et voir une nouvelle voie professionnelle s’ouvrir à eux pour leur permettre de s’épanouir.
Leur ressenti est finalement mitigé, empreint d’une certaine déception, comme en témoigne Maria P. :
« J’occupais le même poste depuis plusieurs années et il me manquait quelque chose. Bien que mon manager m’apporte son soutien, je ne retrouvais pas la reconnaissance attendue. J’avais pris des responsabilités, mais le rythme de travail était de plus en plus soutenu et cela déséquilibrait ma vie familiale.
J’ai donc fait un bilan pour savoir ce qui me correspondait vraiment, tout en répondant à mes besoins personnels. Les pistes envisagées étaient toutes plus motivantes les unes que les autres et je me suis projetée dans chacune. Mais à chaque fois, un obstacle est venu écarter ces pistes : reprise d’études longues et coûteuses, horaires de travail décalés et incompatibles avec une vie de famille, besoin d’investissements financiers importants… J’ai finalement fait le choix de conserver le poste que j’occupais, la raison l’emportant sur le choix du cœur.
Bien que le bilan ai répondu à ma demande en terme d’identification de ma personnalité professionnelle, je reste très mitigée sur son succès, car au final, je n’ai pas pu concrétiser ce changement de vie attendu.
»

Pour d’autres, la déception ne se situe pas au niveau de la conclusion de ce bilan, mais plutôt dans leur accompagnement trop centré sur la seule lecture des résultats des tests, comme ce fut le cas pour Emma N. :

« Mon bilan a été très positif en terme de changement ou de révélations personnelles et professionnelles. J’ai pu mettre en avant mes atouts, mes compétences et les points à travailler.
Mais il a manqué quelque chose, le petit plus qui aurait fait la différence. J’ai eu le sentiment d’être abandonnée en cours de route : une fois les tests passés, j’ai moi-même du trouver la voie qui me correspondait car le programme de fiches métiers ne prenait en compte que certains paramètres, mais avait au final écarté les plus importants, ceux qui me correspondaient vraiment.
De même en matière de recherche de formation et de financements de celle-ci, on m’a rapidement orienté vers d’autres organismes. J’aurais aimé trouver des réponses auprès d’un seul interlocuteur. 
»

Le Saint Graal

Bien que ces témoignages soient importants et révèlent qu’il y a encore du travail à fournir pour que tous puissent réellement aborder un bilan de façon plus sereine, car peu voué à l’échec, il y a aussi ceux pour qui ce fut une totale réussite.
Ils nous parlent du sentiment d’accomplissement, comme en témoigne Sonia C. :

« J’ai entrepris un bilan suite à un changement de poste en interne. J’avais déjà acquis beaucoup d’expériences et de compétences mais j’avais besoin de me recentrer, pour être sûre de mes choix.
Le bilan était assez général et couvrait aussi bien les compétences professionnelles que les attentes personnelles. Ça m’a déjà permis de confirmer que mon nouveau poste me correspondait en terme de mission, mais aussi et surtout en terme de conditions de travail. Je suis à la recherche d’un environnement professionnel qui allie une certaine ambiance de travail mais aussi des missions parallèles qui permettent de diversifier ma mission principale, en m’impliquant réellement dans l’entreprise.
On parle beaucoup de congruence, du fait d’être aligné dans ses choix, et c’est exactement ce que je
recherchais avec ce bilan : il faut que ce que je dis, ce que je pense et ce que je fais soient parfaitement alignés.
Il faut bien se connaître pour vraiment aimer son poste, quitte à savoir dire « non » lors d’un entretien d’embauche si le poste ne correspond pas exactement à ce que nous sommes.
J’ajouterai même qu’il faudrait faire un bilan tous les 3 ans pour se réaligner avec ses objectifs de vie.
 »

Je voudrais conclure cette série de témoignage en vous parlant de mon propre bilan de compétences :

« J’ai effectué cette démarche suite à un burn-out.
Je me cherchais professionnellement mais aussi personnellement. Il y avait tellement de choses dont je ne voulais plus entendre parler que j’ai eu tendance à faire un rejet de tout ce qui pouvait me rappeler le passé.
J’ai été plus que surprise de voir qu’on pouvait tirer du positif de vraiment toutes les expériences, et que le socle de compétences sur lequel on pouvait solidement se (re)poser était autrement plus large que ce à quoi je m’attendais.
Ce bilan m’a permis de découvrir qui j’étais dans le passé, ce qui m’avait amené à cette situation de rupture, et surtout qui j’étais réellement au fond de moi.
J’ai ainsi pu explorer plusieurs pistes professionnelles, me projeter dans différents projets et trouver vraiment celui qui correspondait à ce qui je suis.
Une vraie révélation. 
»

En préparant cet article, je ne m’attendais pas à trouver autant de points de vue différents sur les bilans de compétences.

J’ai écouté attentivement toutes les personnes qui m’ont volontairement apporté leur témoignages, et j’ai noté un point commun : si l’aspect personnel de celui ou celle qui effectue cette démarche n’est pas pris en compte, le résultat sera voué à l’échec.

Faire un point sur ses envies professionnelles impliquent forcément une part de personnel.
On ne va pas avoir le même enthousiasme pour une mission qui prendra en compte nos attentes d’ordre privé comparé à un poste pour lequel on nous demande de nous oublier.

Il en est de même pour un bilan de compétences : il est difficile de se satisfaire d’une simple enquête sur nos compétences si nos aspirations ne sont pas prises en compte jusqu’au bout.

Notre socle de savoir, savoir-faire et savoir-être doit être analysé et valorisé, mais il ne faut pas oublier pour autant un point essentiel : nous sommes uniques, singuliers et nous évoluons.

C’est pour cela qu’il faut être nous, en toute circonstance, afin d’être en adéquation parfaite entre ce que nous sommes et ce vers quoi nous voulons aller.

L’accompagnement dans cette démarche doit se faire dans ce sens, et le coaching qui en suivra doit prendre en compte tous les paramètres personnels, professionnels et humains, pour que la réussite de cette démarche soit pleinement orientée vers l’épanouissement de celui qui l’entreprend.

Par Karine Cascino – Copywriter

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